En février 1944, un avion Halifax LL114 s’écrase au-dessus du village d’Autrans, il y avait sept aviateurs à bord, dont deux canadiens...

En début de cette année 2022, j’ai reçu une demande, émanant du Québec, de l’Officier des Relations Publiques de « Légion – Filiale N° 35 de Trois Rivières », Eric de Wallens, également Editeur responsable de la revue « Le Souvenir » ; il souhaitait un article concernant cet accident qui est paru, dans ce tri-mensuel, au début de ce mois de juin. A quelques mots près, je le livre à votre attention car il me semble que cette triste histoire d’une époque qui l’était tout autant, n’est pas connue autant qu’elle le mérite.

Le Vercors, est une région, un bastion, doté d’une nature encore plus sauvage en 1939 qu’actuellement. Il a un courageux, glorieux et lourd passé de guerres et de maquisards [1] dont les stigmates sont toujours visibles et restent en mémoire vive dans les musées, les cimetières [2], les villages et au bord de beaucoup de routes et de chemins qui le traversent. Grande, longue et fabuleuse forteresse naturelle formée de montagnes aux falaises de calcaire (urgonien et sénonien) dont les six sommets s’étagent de 1.776 m à 2.341m sur 1.350 km [3].

Depuis son existence, il y a deux cents millions d’années, à nos jours, le massif du Vercors a vécu une très longue histoire mouvementée à la fois par la Nature et par les hommes. Mais arrêtons-nous à celle concernant 1939-1945, époque de la deuxième guerre mondiale et particulièrement en 1942, où le maquis du Vercors devint une base importante de la Résistance française qui s’y était réfugiée. De nombreux récits ont été publiés racontant l’histoire illustre et tragique de cette époque. Les maquisards [4], installés dans les forêts de ces montagnes aux passages abrupts et au sol très caillouteux, étaient ravitaillés par les paysans locaux, tandis que les armes, les explosifs, les munitions, les médicaments, les pansements, les couvertures et autres vêtements leur parvenaient en containers et cylindres parachutés la nuit. Les avions arrivaient d’Angleterre, parfois l’un ou l’autre atterrissait, ce qui permettait l’évacuation de certains et l’arrivée d’autres résistants et repartait vers Tempsford, presque sans encombre. Parfois aussi, l’avion en mission avec son équipage ne revenait pas à bon port.

C’est en visitant le cimetière du village d’Autrans, perché à 1.050 mètres d’altitude que j’ai découvert un carré militaire britannique où se trouvait enterré un équipage de cinq aviateurs anglais et de deux canadiens : Arthur Edward Reid (17/07/1921-Windsor, Ontario) et James Alvin Taylor (06/06/1924-Hamilton, Ontario) ; lui, était un chanteur-soliste et musicien célèbre au Canada. Ils formaient l’équipage Carroll qui avaient passé 23 jours d’entrainement sur la base de Tempsford, en Angleterre, au sein du 138ème escadron ; en un mois, il avait réussi quatre missions au-dessus de la France.

A cette époque, Autrans est un village d’environ 1.000 habitants et, déjà, une station touristique mais aussi de climatisme ; de grandes collectivités d’accueil pour les enfants y avaient été créées. Les hivers y étaient très rudes et plus particulièrement la nuit du 7 au 8 février 1944, nuit de tempête de neige pour le Halifax LL 114 et l’équipage Caroll composé de sept jeunes aviateurs qui périrent dans le crash de leur appareil, à l’extrémité septentrionale du massif du Vercors.
C’était leur cinquième vol opérationnel en France ; il avait décollé à 19h55’ de Tempsford, en Angleterre. Les sept aviateurs furent déclarés « Morts en opération [5] », mais la raison de leur disparition reste un mystère qui a conduit à l’une ou l’autre hypothèse.

Un jour du mois de novembre 2021, je suis montée à 1.140 mètres d’altitude par un chemin forestier très caillouteux, afin de voir le lieu du crash de cet avion, Halifax LL114, situé « sur le versant sud du Bec de l’Orient, à une cinquantaine de mètres en dessous de la ligne de crête » [6], à bord duquel s’était trouvé un équipage de sept jeunes aviateurs dont deux canadiens. Ce n’est pas sans émotions que j’ai découvert la stèle placée a proximité du lieu de l’accident le 31 juillet 2004, soixante-deux ans après ce drame, à l’instigation du Maire de l’époque, Jean Faure, récemment décédé. Des pièces de l’avion y sont encore, témoignages poignant de l’impact.

Peu après, en passant devant la vitrine de la Librairie de Villard-de-Lans, « Au temps retrouvé », un livre m’a interpellée par le titre qui y figurait en grand et un avion par-dessous : CRASH HALIFAX LL114. Coïncidence, je venais de terminer mon article en instance de départ par mail vers le Québec. Je l’ai acquis aussitôt, j’ai contacté l’auteur que j’ai informé de l’écriture de mon article mais aussi ma demande de permission de publier 3 ou 4 photos vue dans son livre. Dans leur enquête qu’ils ont voulue la plus complète possible, passionnante et magnifiquement bien détaillée, André Bouisson, officier en retraite et passionné d’histoire militaire, avec Michel Pirat, pour les recherches généalogiques, ont rendu un très vibrant hommage à ces jeunes hommes venus de loin et d’un autre continent pour aider d’autres hommes et femmes qui faisaient tout pour sauver leur pays. Quatre-vingts ans après, c’est un mouvement identique qui se répète en Ukraine… mais sans les avions.

Henrianne van Zurpele
Rencurel, 20 juin 2022. Pour Initiatives-Vercors.com

Autres sources...


[5Phrases extraites de l’enquête sur ce sujet d’André Bouisson et Michel Pirat paru aux Editions DU NET (93400 St-Ouen – France) en février 2021, sous forme d’un livre de 184 pages, le prix est de 18 €.
Pour commander le livre : https://www.leseditionsdunet.com/contact-form.php

[6Phrases extraites de l’enquête sur ce sujet d’André Bouisson et Michel Pirat paru aux Editions DU NET (93400 St-Ouen – France) en février 2021, sous forme d’un livre de 184 pages, le prix est de 18 €.
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