Nouvelle parution polar : "Âpre Vercors".
Bernard de Fonclare nous propose un polar qui a pour décor le Vercors.
Depuis des années, Gérard s’occupe de son centre équestre dans le Vercors, massif montagneux qui le fascine. Il se plaît à le parcourir, seul ou avec d’autres cavaliers.
Mais un jour, Émilie, une ancienne élève qui ne l’avait pas laissé insensible à l’époque, lui téléphone pour lui demander de l’aide. Il accepte alors qu’elle vienne se réfugier dans son univers.
Mais que cache-t-elle vraiment ?
Cherchant à savoir pour mieux aider Emilie, Gérard finira par s’exposer à des problèmes insoupçonnés...
Extrait...
Ah, ils étaient beaux, ceux-là. Avec les tenues bariolées, leurs portables à la main, les chapeaux de cow-boys de pacotille... Des citadins en mal de grands espaces... Ils venaient sur le massif comme des touristes pour faire le Vercors. Faire le Vercors. On ne les avait pas attendus pour commencer les travaux...
J’allais devoir me coltiner cette faune pendant toute la saison. Si je voulais me faire suffisamment de gras pour passer l’hiver et avoir les moyens de recommencer l’été suivant, pas d’autres solutions. Le cycle infernal. Je ne savais plus ce que je préférais ; voir partir les gugusses qui avaient abrutis mes chevaux ou ressentir sur le plateau, dès les premières fleurs, l’arrivée du printemps. A chaque saison, ses plaisirs ou ses déplaisirs. Par chance, dans mon coin, peu de skieurs de fond l’hiver ou du moins, peu de bipèdes aussi superficiels que mes cavaliers. Si des gars s’arrêtaient chez moi, dans ma petite auberge perdue, c’est qu’ils le voulaient bien. Une bonne soupe, un café brûlant, une crêpe épaisse et dégoulinante de miel valaient mieux l’été qu’un verre de coca, entre deux cigarettes et deux textos sur la terrasse écrasée de soleil.
Je noircissais le tableau exagérément, je le savais. Mon cynisme n’était que de façade ou un palliatif, au soir d’épuisantes journées où je ne trouvais que cette longue plainte intérieure pour m’occuper l’esprit, bien encombré d’autres malheurs plus graves. Mes cavaliers, mes clients, n’étaient pas si pénibles que cela. D’abord parce que c’était essentiellement des femmes. De tout âge, de toute provenance. Leur fréquentation était mille fois plus reposante que celle de mes congénères masculins. Et s’il se glissait dans cette gynécée équestre, quelques mâles, ce n’était que fortuitement. Les pauvres garçons, à moins de posséder une force de caractère rare, n’avaient pas droit au chapitre. Ils jouaient alors les ténébreux ou les amuseurs, suivant les options, affichant leur morgues mystérieuses ou débitant des réparties plus ou moins mal-venues.
Le début d’été de cette année-là avait été particulièrement agité...
Auteur : Bernard de Fonclare
15€
Editions les Passionnés de bouquins. / Collection Polar en Rhône-Alpes
Disponible en ligne et à la librairie de Villard de Lans.
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